Comment gérer mentalement les temps mort au tennis?

Une étude de la FFT réalisée il y a quelques années avait révélé cette statistique étonnante : dans un match de tennis, le temps de jeu effectif n’excède généralement pas les 20% du temps total ! Les 80% restant se passent en tête-à-tête avec vous-même, entre les points ou les jeux. Nous vous livrons 6 clés fondamentales pour gérer au mieux ces moments d’intimité durant lesquels se dessine aussi, souvent, le sort de la partie…

 

1/ Accordez-vous un instant de détente

Au tennis, comme dans toute activité, la clé de la performance consiste à rester parfaitement concentré, ne penser à rien, laisser faire son instinct. Seulement, il est impossible de maintenir cet état à l’échelle d’un match. Il est donc impératif de faire des petites « pauses » et idéalement, de les placer entre les points !

Ronan Lafaix, fondateur de la méthode de coaching et de préparation mentale intégrée « Soyez PRO », explique ainsi qu’« on peut tout à fait penser à autre chose entre deux points. Ce qu’il ne faut pas en revanche, c’est démarrer le point suivant en ayant encore le cerveau embrumé. » 

Les champions en sont l’illustration parfaite, comme l’écrit Antoni Girod dans son ouvrage « Tennis, la préparation mentale » : « juste après la fin d’un point, les champions ont une phase de relâchement musculaire et mental qui leur permet de récupérer nerveusement. Ils peuvent ainsi juste après se reconcentrer plus facilement et plus intensément. »

 

2/ Evacuez votre stress

Les tensions nerveuses accumulées durant un point ou un jeu ne sont pas propices à la performance. Il faut absolument les évacuer. « Le stress génère une tension interne qui, si elle n’est pas calmée, va s’accumuler progressivement pour dépasser un seuil qui va faire qu’on va péter les plombs« , pour citer le psychologue du sport belge Manuel Dupuis, interviewé dans le deuxième épisode de « Reprise », un podcast conçu par les journalistes Loïc Struys et Vincent Schmitz.

Pour évacuer le stress, à chacun sa méthode. S’énerver en est une mais pas la plus conseillée ! De nombreux champions s’abandonnent plutôt à des exercices de relaxation, de méditation, de visualisation. Quoi qu’il en soit, la technique fondamentale, et pourtant si souvent occultée, est de toujours prendre le temps de bien respirer.

 

3/ Restez dans le présent

On sait : la tentation est grande de se flageller après une erreur grossière comme de s’enflammer après un superbe coup. Rien de vous interdit d’ailleurs de vous accorder quelques secondes d’auto-critique ou d’auto-satisfaction. Mais il est proscrit de rester bloqué sur des regrets ou de se projeter sur la suite. Au tennis comme dans la vie, mieux vaut se focaliser uniquement sur ce que l’on peut contrôler : en l’occurrence, son action dans le présent.

Mary Pierce avait ainsi expliqué avoir connu un certain nombre de déconvenues au début de sa carrière parce qu’elle avait tendance à se projeter trop tôt sur la victoire. Elle a ensuite rectifié le tir. « J’ai compris que la clé de la concentration résidait dans la capacité à rester centré sur le présent. Pour cela, faut rester simple : prendre son temps pour respirer, choisir sa balle, réfléchir à sa cible, se parler, penser à une image ou un mot-clé… »

 

4/ Soyez votre premier supporter

« Le bonheur de votre vie dépend de la qualité de vos pensées. » Cette célèbre citation de Marc-Aurèle est totalement transposable au joueur de tennis : si l’on a souvent tendance à se focaliser sur sa prise de raquette ou son lancer de balle, il ne faut pas oublier que le chemin de la performance passe d’abord par un état d’esprit positif, déterminé et confiant.

Il s’agit déjà de ne pas être son propre adversaire. Ça paraît évident, mais combien de fois entend-ton des joueurs s’auto-détruire sur un terrain ? Comme le rappelle le préparateur mental Ronan Lafaix, « il est impossible de bien jouer au tennis quand on vient de passer une minute à se traiter d’abruti. A chaque fois que l’on se parle mal, c’est tout notre corps qui se tend. »

Quel que soit votre niveau, soyez bienveillant avec vous-mêmes. « La première chose est de s’accepter comme on est, poursuit Ronan Lafaix. Et il faut aussi accepter qu’à un moment donné, pendant un match, on va forcément gamberger… »

 

5/ Songez à ce que vous devez faire

Certes, laissez son cerveau vagabonder dans tous les sens n’est jamais bon. Mais il est une chose à laquelle vous devez impérativement penser, c’est ce que vous allez faire au point suivant. Un choix tactique, un point technique… ou un simple mot-clé qui va vous aider à retrouver la bonne attitude, selon vos besoins de moment (plus de combativité, de calme, d’énergie…)

L’idée est de « réussir à se focaliser sur quelques détails très simples qui aident à trouver de la sérénité », pour reprendre une phrase de Jean-Christophe Faurel, l’entraîneur français de Cori Gauff. Un champion ne démarre jamais un point sans savoir précisément ce qu’il doit faire.

 

6/ Adaptez votre rythme

Prenez toujours le temps que vous jugez nécessaire avant de reprendre le jeu.

Souvent, dans la difficulté, vous aurez besoin d’un peu plus de temps, à la fois pour accéder à vos ressources intérieures, récupérer physiquement mais aussi – c’est de bonne guerre – essayer de « casser » la dynamique adverse. A l’inverse, si les choses se passent bien, vous aurez peut-être intérêt à accélérer pour rester dans le rythme et éviter de vous mettre à gamberger.

Il est difficile de généraliser là-dessus tant cela dépend de votre routine et de votre état physique. Mais songez néanmoins à adapter votre rythme selon le contexte et votre ressenti. « On revient à l’idée d’être avec soi, de s’écouter, conclue Ronan Lafaix. Il faut être le chef de soi-même tout autant pendant le jeu qu’entre les points. »

(Rémi Bourrieres)

 

 

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