Croyants ou pas, ils sont nombreux à consacrer chaque jour un temps à la méditation. Effet de mode ou vague de fond ? Chaque semaine, l’un de ces aventuriers de l’intime nous raconte pourquoi il médite. Troisième volet de notre série : l’escrimeuse Cécilia Berder, championne du monde de sabre par équipes aux Mondiaux 2018.
J’ai commencé la méditation à une époque où je sentais que je devais passer un cap. En 2015, je venais d’avoir 25 ans, j’adorais mon sport, mes résultats étaient bons mais très irréguliers. Je pouvais arriver en finale un week-end et perdre lamentablement au premier tour la semaine suivante. C’était très dur à encaisser, mon moral faisait les montagnes russes. Je sentais qu’il me fallait trouver un calme intérieur.
Je suis plutôt hyperactive, je voulais tout le temps être dans le combat. Rester assise sur une chaise, ne rien faire, me semblait impossible. Mais je voulais grandir, et pas seulement pour l’escrime. Je voulais pouvoir faire les choses à mon rythme, peut-être plus lentement, peut-être plus vite, mais être au moins maîtresse de mon temps et de mes émotions.
Je savais que ce n’était pas en tenant un sabre que j’y arriverais. Cela devait se passer à l’intérieur. C’est à ce moment-là que ma préparatrice mentale m’a sensibilisée à la méditation, puis j’ai été contactée par les responsables de l’application « Petit Bambou », qui créaient un programme pour méditer et voulaient l’avis de sportifs. Je me suis lancée.
« Reprendre les rênes »
Il s’agissait de séquences de quinze à vingt-cinq minutes, mes écouteurs dans les oreilles, où l’on me demandait de m’imaginer sur un bateau, dans les fonds marins, de visualiser la montagne, de choisir un animal ou tout simplement de respirer. En me concentrant sur ma respiration et en accomplissant en conscience une action aussi banale et anodine que faire entrer de l’air dans mon corps, j’ai eu la sensation de reprendre les rênes.
Même si je ne méditais pas dans cette perspective, ma progression sportive a été phénoménale. Je suis passée de quinzième au classement mondial à deuxième en seulement quelques années. Dès les championnats du monde de 2015, j’ai décroché une médaille d’argent pour la première fois.
La méditation m’a surtout permis d’avoir un niveau beaucoup plus stable. Ce que j’aime dans le sabre, c’est qu’il faut être à la fois bagarreur et stratège, trouver très vite une meilleure idée que son adversaire, au risque de se faire dévorer.
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Crédit : « Le Monde » 07 juillet 2019